Le tissu wax est bien plus qu’un simple textile coloré. Il incarne une histoire riche, un savoir-faire artisanal unique et un symbole culturel fort. Mais comment ces motifs vibrants prennent-ils vie sur le tissu ? Plongeons ensemble dans les secrets de fabrication du wax.
Voir le sommaire
Origine et histoire du tissu wax
La naissance de la technique de la cire en Indonésie
Le wax est un véritable paradoxe ! Car ce tissu africain n’est en fait pas du tout né en Afrique… Son origine se situe à Java, en Indonésie. Le batik, tissu local traditionnel, était fabriqué grâce à une technique ancestrale qui consistait à dessiner sur un tissu et à teindre les différentes parties des motifs grâce à l’application de cire. Celle-ci empêchait ainsi la teinture d’imprégner le tissu aux endroits délimités, créant ainsi des motifs distinctifs.
L’adoption du batik par les Hollandais
Au XIXe siècle, les colons hollandais et britanniques, fascinés par le batik, cherchent à l’industrialiser pour l’exporter. Ils mettent au point des techniques mécaniques pour reproduire ces motifs de manière plus rapide et efficace, et aussi moins chère. Le wax hollandais doit ainsi son nom à la technique de teinture à la cire empruntée au batik.
Malheureusement pour eux, la commercialisation de ces batiks industriels ne décolle pas, car les Indonésiens considèrent que le tissu importé est de piètre qualité. De lourdes taxes d’importation freinent également cette commercialisation et les fabricants cherchent de nouveaux débouchés.
La découverte d’un nouveau marché
Le pagne est tout d’abord introduit en Afrique de l’Ouest au XIXe siècle, notamment par d’anciens esclaves et des soldats de retour du Sud-Est asiatique. Au contraire de l’accueil des Indonésiens, les Africains en raffolent ! Il est très rapidement adopté et transformé par les populations locales, qui adorent ses couleurs et ses motifs, qu’ils soient inspirés de motifs tribaux, d’événements locaux ou historiques, ou juste artistiques.
C’est ainsi que ce tissu européen devient un élément incontournable de la mode et de l’identité africaine ! Chaque motif raconte une histoire, chaque couleur véhicule un message, faisant du wax un véritable langage textile, ancré dans la culture et l’histoire des peuples qui se l’approprient. Le wax rythme la vie sociale et affective : on le porte pour les mariages, baptêmes, enterrements, et toutes les occasions festives. Et parfois même, on l’arbore comme un étendard, une revendication de ses opinions.
Les premières usines locales apparaissent en Afrique dans les années 1960 et l’on distingue donc de nos jours le wax hollandais et le wax africain.
Les étapes clés de la fabrication traditionnelle du wax
Préparation du coton
Tout commence par la sélection d’un coton de qualité, qui est ensuite filé et tissé en toiles lisses et résistantes. Le tissu brut est ensuite blanchi pour faciliter l’adhérence des teintures.
Application traditionnelle des motifs en cire
Conception du motif
Le motif d’un wax est initialement dessiné sur papier (ou de nos jours, sur un logiciel de dessin), puis reporté à la main ou à l’aide d’un stylet sur le tissu. Il peut être inspiré de motifs tribaux, géométriques, floraux, animaliers… ou de symboles historiques ou culturels. La variété des motifs est infinie.
Application de la cire
Traditionnellement, la cire utilisée peut provenir de cire d’abeille, de paraffine ou encore de résine. On l’applique lorsqu’elle est chaude sur le tissu à l’aide de pinceaux ou de tampons de cire ou de mousse, en créant des réserves, c’est-à-dire des zones qui seront protégées de la teinture (technique de réserve de cire).
Le tissu est ensuite trempé dans un bain de teinture, qui agit sur les parties non protégées par la cire. Le processus peut se répéter plusieurs fois en cas de motif complexe ou pour intensifier une couleur. Pour chaque couleur, il faut recommencer l’étape d’application de la cire sur les parties à protéger. La fabrication des wax traditionnels demandait autrefois parfois jusqu’à 20 étapes différentes avant la finalisation du tissu !
La cire est ensuite enlevée du tissu, qui est trempé, lavé puis séché à l’air libre. Ce sont ces étapes de trempage et de séchage qui provoquent des craquelures (ou cracking), ces « imperfections parfaites » qui font de chaque tissu wax une pièce unique, vivante.
Processus industriel de teinture et de séchage
Avec l’industrialisation, la fabrication du wax a évolué tout en conservant son essence artisanale, notamment chez des fabricants historiques comme Vlisco qui existe depuis 1846.
Les dessins sont gravés sur deux cylindres de cuivre, l’un pour l’endroit et l’autre pour l’envers du tissu. Lorsque ces rouleaux imprégnés de cire passent sur le tissu, ils définissent les motifs en empêchant certaines zones d’absorber la teinture. Le tissu est ensuite plongé dans un bain de teinture, puis la cire est retirée à l’aide d’un solvant.
Les motifs sont ainsi imprimés sur les deux faces du tissu, garantissant des couleurs intenses de chaque côté : le wax n’a ni endroit ni envers, une particularité qui permet de reconnaître en un clin d’œil un vrai wax d’une contrefaçon ou d’un wax de mauvaise qualité. De plus, chaque pièce est unique : malgré la mécanisation, les craquelures formées lors du cracking diffèrent toujours légèrement, donnant au wax son caractère inimitable.
Retrait de la cire et finition
Après la teinture, une ou plusieurs couleurs supplémentaires peuvent être ajoutées en harmonie avec les motifs. Certains tissus sont directement imprimés avec des motifs multicolores sur du coton blanc, mais selon la tradition, le véritable wax est imprimé avec un passage pour chaque couleur.
Pour parfaire l’apparence du wax, différentes finitions sont parfois appliquées : une finition colorée par l’imprégnation de teintures claires, un traitement anti-froissement pour plus de souplesse, ou encore un effet lustré ou gaufré pour un rendu brillant et texturisé.
En plus de ses couleurs éclatantes sur les deux faces du tissu, le wax présente une excellente résistance au lavage. Et c’est un tissu qui évolue constamment : chaque année, de nouveaux motifs sont conçus, toujours aussi colorés. Ils s’inspirent de l’actualité, de la politique, des événements de l’époque, ou tout simplement de la vie quotidienne. Les Africaines ont ainsi donné des noms à de nombreux wax devenus célèbres !
Les types de tissu wax : variations et styles
Wax hollandais, super-wax et fantaisie
Le wax se décline en plusieurs catégories, chacune avec ses spécificités en matière de qualité, de rendu et de techniques de fabrication.
Le wax hollandais : authenticité et tradition
C’est la référence en matière de qualité, avec des procédés de fabrication rigoureux qui garantissent des couleurs profondes, durables et éclatantes des deux côtés du tissu. Il est toujours produit principalement aux Pays-Bas, notamment pour la marque Vlisco.
On apprécie sa texture ferme mais souple et la finesse de ses motifs, souvent inspirés de symboles africains, mais pas que. Grâce à son excellente tenue au lavage et à l’usure, le wax hollandais est souvent choisi pour des tenues traditionnelles, des vêtements haut de gamme ou des créations nécessitant un tissu robuste (notamment en décoration).
Le super-wax : un toucher soyeux haut de gamme
Le super-wax est une évolution du wax hollandais. Il utilise des cires de meilleure qualité et ses techniques de finition sont plus poussées. Si bien qu’il offre un toucher encore plus doux, une texture plus souple et un rendu légèrement satiné.
Les motifs sont souvent plus détaillés et les couleurs encore plus vibrantes. C’est le top du wax ! Le super-wax bénéficie parfois de finitions spéciales (gaufrage ou impressions métalliques) pour une touche d’élégance supplémentaire. Ce tissu est privilégié pour la confection de vêtements de cérémonie, mais sert aussi à du prêt-à-porter haut de gamme.
Le wax fantaisie : accessible et créatif
Le wax fantaisie est plus abordable, avec une large variété de motifs et de couleurs. Il est souvent produit en Afrique, notamment en Côte d’Ivoire (Uniwax), et au Ghana (Woodin et GTP) mais il existe de moins en moins de fabricants sur le continent africain.
En revanche, de plus en plus de tissu wax proviennent d’Asie, en particulier de Chine ou de Thaïlande. Les techniques d’impression sont généralement moins complexes, ce qui influe sur le prix : les wax asiatiques sont bon marché. Malheureusement pour certains, la production de masse joue directement sur la qualité : couleurs moins intenses qui tiennent moins bien dans le temps, dessins moins précis, coton de mauvaise qualité ou mélangé à d’autres matières… Mais d’autres tissus chinois sont d’excellente qualité et n’ont rien à envier à leurs concurrents hollandais, c’est pourquoi TissuShop propose également une sélection de tissus en provenance de Chine.
Cependant on aime le wax fantaisie pour sa créativité et il est couramment utilisé pour la confection de vêtements du quotidien, d’accessoires ou de décoration, permettant à chacun d’adopter le style coloré du wax sans se ruiner.
La place du wax dans la mode contemporaine
Collaborations entre créateurs et artisans
De nombreux designers collaborent aujourd’hui avec des artisans locaux pour moderniser le wax tout en préservant son authenticité. Qu’on se le dise, le wax est à la mode ! Il a même débarqué à la Fashion Week de Paris en 2015, porté par des noms célèbres dans l’univers de la mode : Stella McCartney, Viktor & Rolf, Agnès B, Jean-Paul Gauthier ou encore Burberry.
D’autres créateurs comme Ladyhood, Natacha Baco, Bazara’pagne, Maison Château Rouge, ou Nash Prints It créent des collections uniques qui mêlent tradition et innovation. On trouve aussi du wax chez les grandes marques de prêt-à-porter telles que Zara, Asos ou Eleven Paris, qui démocratisent de plus en plus ce tissu africain qui devient un véritable produit mondialisé.
Le wax est aussi un produit plébiscité par de nombreux artisans, notamment en décoration et ameublement. Les couleurs intenses, les dessins innombrables et surtout l’extrême résistance dans le temps du tissu sont bien sûr des atouts pour créer des objets, bijoux, coussins ou recouvrir des sièges. Ils apprécient également son côté unique et artisanal, même lorsqu’il est fabriqué industriellement, du fait des fameuses « imperfections parfaites » qui font son charme.
Popularité mondiale et symbolisme culturel
Le wax est aujourd’hui un textile universellement reconnu, adopté par des marques de mode internationales et porté avec fierté dans le monde entier. Des stars l’arborent aussi et participent à la renommée de ce tissu coloré. Ainsi on l’a vu souvent sur des personnalités de tous styles : Beyoncé, Anna Wintour (rédactrice en chef de Vogue USA), Michèle Obama, Christ Brown, Nicki Minaj Lady Gaga, Rihanna, Solange Knowles, Alicia Keys, Kim Kardashian, Gwen Stefani ou en France, sur Blanche Gardin ou Mathieu Chédid…
Le wax continue de fasciner par son histoire, son artisanat et son esthétique unique. Plus qu’un simple tissu, il raconte une histoire et affirme une identité culturelle forte. Chez TissuShop, nous vous proposons une large gamme de wax de qualité pour donner vie à toutes vos créations !